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Cameroun : un arrêté préfectoral jugé dangereux par l’opposition

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L’arrêté signé il y a deux jours par Emmanuel Mariel Djikdent, le préfet du Mfoundi, qui abrite Yaoundé la capitale politique, vise à interdire de séjour dans la capitale, toute personne qui appelle au soulèvement.

Désormais, ceux qui vont oublier «la règle du silence » à Yaoundé, la capitale camerounaise courent le risque « d’être frappée d’une interdiction de séjour dans le département », du Mfoundi. C’est ce que révèle un arrêté signé parEmmanuel Mariel Djikdent, le préfet du Mfoundi. Le texte mettant en avant « les nécessités de préservation de l’ordre public », vise également « (…) toute personne qui appelle au soulèvement contre les institutions de la République ; outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne (ndlr : autrement dit le chef de l’État Paul Biya, même s’il n’est pas nommé) par tout moyen de communication suivi dans le département (…) »

Devant plusieurs organes de presse il y a deux jours, Emmanuel Mariel Djikdent, a déclaré qu’« il ne faudrait pas que les plateaux de télévision servent de tribunes pour appeler à un soulèvement ». Le préfet du Mfoundi considère comme de potentiels troubles à l’ordre public certains propos tenus dans les débats télévisés très suivis du dimanche. Il en appelle à la responsabilité sociétale des journalistes qui modèrent les débats et choisissent les invités.

Il assure que l’arrêté qu’il a signé ne vise personne en particulier, « mais nous mettons en garde, dit-il. Toute personne qui va appeler au soulèvement contre les institutions est susceptible d’être interdite de séjour dans notre département.» L’interdiction de séjour, si elle est prononcée, serait temporaire.

Un arrêté jugé illégal et qui fait rougir la classe politique, ainsi que la société civile. L’opposant Cabral Libii déclaré troisième à la présidentielle de 2018 dénonce, sur le réseau X, « une frappante et inadmissible dérive autoritaire ». Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun de Maurice Kamto, arrivé deuxième derrière Paul Biya à la dernière élection présidentielle pense que «  l’arrêté du Préfet du Mfoundi viole de manière flagrante les engagements conventionnels du Cameroun au niveau international,  la Constitution du Cameroun, diverses lois camerounaises sur les libertés des citoyens, le Code pénal notamment en son article 153, ainsi que le décret 2008/377 du 12 novembre 2008 fixant les attributions des chefs des circonscriptions administratives qu’il cite sans s’y conformer, bref il est totalement illégal ». Le MRC va plus loin et indique cet acte administratif « n’est ni plus ni moins qu’un acte terroriste, au sens au de la Loi n°2014-28 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme ».

Pour Cyrille Rolande Bechon, la directrice de l’ONG Nouveaux Droits de l’Homme, « l’arrêté préfectorale « portant interdiction de séjour temporaire dans le département du Mfoundi » est un énième égarement de l’autorité administrative au Cameroun ».

Essama Aloubou




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