Ebrahim Rasool, l’ambassadeur sud-africain expulsé des États-Unis, est rentré au pays le dimanche 23 mars, affirmant n’avoir « aucun regret » concernant ses critiques à l’égard de Donald Trump. Son expulsion, qualifiée de « sans précédent » par Pretoria, survient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays.
« Un signe de dignité » : Rasool assume ses propos
Après un long voyage de plus de trente heures via Doha, Ebrahim Rasool est arrivé au Cap où il a été accueilli par une foule nombreuse. L’ancien militant anti-apartheid a défendu ses déclarations, expliquant qu’il analysait un « phénomène politique ». Il a averti les Sud-Africains que « l’ancienne manière de faire des affaires avec les États-Unis ne fonctionnerait plus », précisant que « ces États-Unis ne sont pas ceux d’Obama ou de Clinton ».
Il a ajouté : « La déclaration de persona non grata a pour but de vous humilier, mais je la porterai comme un insigne de dignité, représentant nos valeurs et le fait que nous avons agi correctement. » Il a également souligné : « Nous n’avons pas choisi de revenir chez nous, mais nous le faisons sans regrets. »
Tensions diplomatiques et enjeux économiques
L’expulsion de Rasool, qualifiée de « développement regrettable » par le ministère sud-africain des Affaires étrangères, intervient alors que l’Afrique du Sud, présidant actuellement le G20, considère l’amélioration de ses relations avec les États-Unis comme une « priorité ». Le président Cyril Ramaphosa a rappelé que les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud, après la Chine.
Sur le plan économique, Pretoria redoute une exclusion des accords AGOA, qui permettent à certains produits africains d’accéder au marché américain sans droits de douane. Rasool, qui doit soumettre un rapport au président Ramaphosa, estime que l’Afrique du Sud ne doit pas rétablir ses relations avec Washington « sans sacrifier [ses] valeurs ».
Réactions politiques en Afrique du Sud
L’expulsion de Rasool a déclenché une forte indignation en Afrique du Sud. Le parti de gauche radical, les Combattants pour la liberté économique (EFF), a qualifié Donald Trump de « grand sorcier d’un Ku Klux Klan mondial ». Pretoria a dénoncé une « campagne de désinformation et de propagande », soulignant que Trump n’a fourni aucune preuve étayant ses accusations de politique discriminatoire envers la minorité blanche sud-africaine.