Face à une détérioration notable des relations avec Washington, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a pris une décision stratégique en désignant Mcebisi Jonas, ancien vice-ministre des Finances, comme envoyé spécial auprès des États-Unis. Cette initiative vise à rétablir le dialogue bilatéral dans un contexte de crispations diplomatiques marquées par des accusations américaines et des mesures de représailles.
Mcebisi Jonas chargé de retisser les liens avec Washington La mission confiée à Jonas est délicate : restaurer la confiance et renouer les relations avec l’administration américaine, mises à mal par les prises de position de Donald Trump. L’ancien président américain a notamment accusé Pretoria de discrimination envers la minorité blanche et critiqué sa politique étrangère, jugée hostile à Washington. Ces déclarations ont entraîné une réduction de l’aide financière américaine à l’Afrique du Sud.
Les tensions ont redoublé d’intensité après les dernières publications de Trump sur Truth Social, dans lesquelles il remettait en cause la tenue du prochain sommet du G20 à Johannesburg. « Est-ce là que nous voulons être pour le G20 ? Je ne pense pas ! », a-t-il lancé, ravivant les polémiques sur la réforme agraire et la sécurité des fermiers blancs.
Le gouvernement sud-africain a fermement démenti ces allégations, affirmant que la loi sur l’expropriation des terres n’a encore abouti à aucune saisie, et qu’elle est encadrée dans l’intérêt public. Des communautés minoritaires, toutefois, continuent de manifester leur inquiétude.
Un climat diplomatique alourdi par les divergences géopolitiques Les désaccords entre Pretoria et Washington ne s’arrêtent pas là. Le recours de l’Afrique du Sud à la Cour internationale de justice contre Israël, accusé de génocide à Gaza, a été perçu par les États-Unis comme un affront diplomatique. Washington dénonce également un rapprochement présumé de Pretoria avec l’Iran et le Hamas, aggravant encore les tensions.
L’expulsion de l’ambassadeur sud-africain Ebrahim Rasool en mars dernier a constitué un tournant. Lors d’un webinaire, ce dernier avait critiqué ouvertement la politique américaine, qualifiant le mouvement MAGA d’expression de « suprématisme ». Ces propos ont suscité l’indignation du secrétaire d’État Marco Rubio, qui l’a déclaré persona non grata, l’accusant de racisme.
Depuis cet incident, aucun nouvel ambassadeur sud-africain n’a été nommé à Washington. La désignation de Mcebisi Jonas comme envoyé spécial apparaît donc comme une tentative de calmer les esprits et d’ouvrir une nouvelle page diplomatique entre les deux pays.