Face à des décennies d’exploitation jugée inéquitable, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), Mali, Burkina Faso et Niger passent à l’offensive. Ils entendent désormais reprendre le contrôle total de leurs ressources minières, au nom de leur souveraineté économique. Une décision forte, dans un contexte de réformes fiscales majeures, qui les oppose frontalement aux multinationales de l’or et de l’uranium.
Souveraineté minière : le bras de fer est lancé
L’or du Mali, l’uranium du Niger, les ressources du Burkina Faso : autant de richesses exploitées depuis des années par des compagnies étrangères, souvent au détriment des économies locales. L’AES veut rompre avec ce modèle. Les actions se multiplient : saisie du stock d’or de Barrick Gold sur la mine de Loulo-Gounkoto, retrait du permis d’exploitation d’Orano au Niger, annulation d’une licence de Sarama au Burkina Faso.
Ces décisions marquent un tournant. Les trois États veulent rééquilibrer les rapports de force et mettre fin à une répartition jugée défavorable des revenus miniers. L’objectif : que l’exploitation des ressources bénéficie d’abord aux populations locales.
Réformes fiscales : vers un partage plus équitable
Pour accompagner cette reprise en main, les pays de l’AES ont révisé leurs codes miniers. Désormais, les États peuvent prétendre à jusqu’à 50 % des revenus issus de l’exploitation des minerais. Ces réformes ambitionnent de corriger un système où les avantages fiscaux accordés aux compagnies étrangères étaient légion.
Mais la route reste semée d’embûches. La renégociation des contrats en cours suscite des résistances. Des litiges sont déjà portés devant des tribunaux d’arbitrage internationaux. En parallèle, les États doivent faire face à des stratégies d’optimisation et d’évasion fiscales qui grèvent toujours leurs recettes.
Malgré ces défis, l’AES affiche une volonté inébranlable : transformer ses ressources naturelles en véritable levier de développement, en s’émancipant des modèles de dépendance hérités du passé. Le combat pour une souveraineté économique effective est lancé.