En Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé, opposant politique acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l’humanité, mais toujours condamné dans son pays, a demandé mercredi à Abidjan au président Alassane Ouattara de lui accorder une amnistie. Cette démarche vise à effacer sa condamnation et lui permettre de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Blé Goudé a lancé un appel « solennel » au chef de l’État, l’invitant à « prendre une loi d’amnistie » pour les acteurs impliqués dans la crise post-électorale de 2010-2011, qui avait causé plus de 3 000 morts. Selon lui, cette mesure permettrait de « tourner définitivement la page » de cet épisode tragique de l’histoire ivoirienne.
Acquitté par la CPI pour son rôle durant cette crise, Blé Goudé, président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), demeure sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour des faits liés à cette période. Bien que cette peine ne soit pas appliquée depuis son retour en 2022, elle l’exclut de la liste électorale et l’empêche de briguer un mandat.
« J’ai toujours contesté cette condamnation que je considère comme politicienne. C’est une injustice qui mérite d’être corrigée », a déclaré l’opposant devant la presse, après une rencontre avec la Commission électorale indépendante (CEI). Il a également plaidé pour un « dialogue » inclusif autour de cette question.
Une jeunesse en quête de représentativité
Blé Goudé, âgé de 52 ans, se considère comme un représentant de la jeunesse politique en Côte d’Ivoire. « Je ne veux pas qu’on prive l’Afrique et la Côte d’Ivoire de son atout, sa jeunesse. Je veux représenter ma génération et qu’on ne m’en prive pas », a-t-il affirmé.
Des candidatures multiples pour 2025
La présidentielle de 2025 s’annonce déjà animée, avec plusieurs acteurs de la crise de 2010-2011 ayant déclaré leur intention de se présenter. Laurent Gbagbo, lui aussi acquitté par la CPI, a été gracié par le président Ouattara mais reste inéligible, faute d’amnistie. Son ex-épouse, Simone Ehivet Gbagbo, amnistiée en 2018, figure cependant sur la liste électorale et est candidate.
De son côté, le président Ouattara n’a pas encore précisé s’il briguera un quatrième mandat, laissant planer l’incertitude sur sa participation à l’élection.