Interpellé de manière musclée à son domicile, sous les yeux de sa famille, Ghislain Duggary Assy a été fixé sur son sort ce mardi 8 avril 2025. Le syndicaliste, engagé dans la récente grève des enseignants réclamant le paiement de la prime d’incitation, a été reconnu coupable de “coalition d’agents publics” et “entrave au fonctionnement des services publics de l’État”. Il a été condamné à deux ans de prison ferme.
Une arrestation controversée en marge d’une grève nationale
L’arrestation du syndicaliste est intervenue dans un contexte tendu, alors que les enseignants avaient lancé une grève les 3 et 4 avril. Ghislain Duggary Assy, chargé de communication du Mouvement des Enseignants pour la Défense de leurs Droits (MEDD), aurait relayé l’appel à la grève. Le parquet l’a poursuivi pour des faits assimilés à une perturbation délibérée des services publics.
Lors de l’audience, le parquet a requis trois ans de prison ferme, arguant de la gravité des actes. Finalement, le juge a retenu une peine de deux ans. Une décision jugée injuste et infondée par l’avocat de la défense, qui a immédiatement annoncé faire appel.
La défense dénonce un manque de preuves
L’avocat de Ghislain Duggary Assy conteste vigoureusement le verdict. Il pointe du doigt l’absence de preuves concrètes, notamment l’absence de vidéos ou de documents attestant que son client aurait empêché le fonctionnement des établissements scolaires.
« On nous parle de vidéos diffusées, mais aucune n’a été produite à l’audience. On nous accuse d’obstruction dans les écoles, mais là encore, aucune preuve. », a-t-il déclaré.
Selon lui, son client n’a fait que transmettre un message syndical en lien avec la grève, ce qui relève de sa mission au sein du MEDD. Il rappelle également que d’autres membres du syndicat, arrêtés au même moment, ont été relâchés sans poursuite.
Une affaire étroitement liée au droit de grève ?
Le parquet tente de dissocier cette condamnation du droit constitutionnel de grève, affirmant que les faits reprochés n’y sont pas directement liés. Une position que conteste la défense.
« Si l’on considère qu’il a commis une faute, encore faut-il en apporter la preuve. Le droit de grève s’exerce pendant les heures de travail. Rien ne l’interdit d’échanger avec ses collègues dans ce cadre. », a insisté l’avocat.
La condamnation de Ghislain Duggary Assy suscite l’inquiétude dans les milieux syndicaux et associatifs, certains y voyant une tentative de répression du mouvement enseignant. En attendant l’appel, le syndicaliste demeure incarcéré, et le débat sur la liberté syndicale est plus que jamais relancé en Côte d’Ivoire.