L’unité spécialisée de veille numérique de la Police nationale ivoirienne, « Alerte 100 », a révélé une importante tentative de manipulation de l’opinion publique visant le président Alassane Ouattara.
Selon un rapport confidentiel consulté par Abidjan.net ce mardi 8 avril 2025, cette campagne de désinformation, lancée le 31 mars 2025, visait à semer le doute sur l’état de santé du chef de l’État, allant jusqu’à évoquer sa disparition supposée.
Une rumeur savamment orchestrée
Tout commence le 30 mars, jour de l’Aïd El-Fitr, lorsqu’une série de publications troublantes surgissent sur Facebook. La première alerte est donnée par Adrien Vabé, réputé proche du PDCI-RDA, qui poste à 16h03 une publication insinuant une absence inquiétante du président. S’ensuivent les messages de Maïmouna Camara, alias La Guêpe (affiliée au mouvement GPS), à 17h35, puis de Souley de Paris, cybermilitant notoire, à 21h59, qui évoque clairement la « disparition » du président.
À 22h08, la page « Ma Patrie Mon Combat » publie un message ambigu : « Urgent, que Ado est quoi ? On attend la confirmation. » Quelques minutes plus tard, le compte Esprit Africain enfonce le clou avec la question : « Où est passé Alassane Ouattara ? »
Ces publications, selon l’unité Alerte 100, font partie d’un plan coordonné reposant sur l’usage de contenus falsifiés, notamment des montages imitant les visuels de médias reconnus comme France 24 ou Jeune Afrique. Le rapport identifie Tingin-Biiga comme principal instigateur, à l’origine de la diffusion initiale.
Un relais structuré sur les réseaux
Plusieurs pages Facebook ont joué un rôle clé dans la propagation de ces fausses informations :
- « Côte d’Ivoire Ma Patrie »
- « Esprit Africain »
- « Ma Patrie Mon Combat »
Ces canaux ont massivement relayé les visuels truqués, exploitant des groupes publics pour élargir la portée du message. Par la suite, Adrien Vabé, La Guêpe et Souley de Paris ont utilisé leurs profils personnels et réseaux d’influence pour amplifier la rumeur, surfant sur l’émotion suscitée par l’absence du président lors d’un événement religieux majeur.
Vers une ingérence extérieure ?
L’enquête révèle également des connexions transfrontalières : certains comptes identifiés seraient liés à un pays voisin, ce qui soulève la question d’une possible tentative d’ingérence étrangère dans les affaires politiques ivoiriennes.
En réaction, la Police nationale a annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier les auteurs et leurs éventuels soutiens. Des actions sont en cours pour neutraliser les relais numériques responsables de cette campagne. L’objectif : protéger les institutions et renforcer la cybersécurité nationale.
Dans un communiqué, Alerte 100 affirme :
« Cette tentative de manipulation cherche à déstabiliser les institutions de la République en jouant sur les peurs et les émotions de la population. »
Les auteurs encourent des poursuites judiciaires, conformément aux lois en vigueur sur la cybercriminalité et l’atteinte à la sûreté de l’État.