Ils ont lutté contre la mort. Souvent envahis par la peur et la solitude… Ils ont bavé, transpiré, toussé. Certains avaient même songé à faire leur testament, renseigne Libération. Mais ils en ont réchappé. Avec ou sans antibiotiques, encore moins la fameuse chloroquine dont le professeur marseillais Didier Raoult vante les mérites. Aujourd’hui, ils sont considérés comme des rescapés du Covid-19. Et ils prennent la Parole.
Admis à l’hôpital, parfois en réanimation, ou juste confinés chez eux, des patients guéris du coronavirus racontent l’angoisse et la solitude, ainsi que leur gratitude envers les soignants.
Parmi les témoignages recueillis par Libération, celui de Laurent, 49 ans, artisan boucher, à Wambrechies dans Nord :
« Le moment qui m’a le plus marqué, c’est quand mon cerveau s’est complètement déconnecté. Comme s’il s’était mis en protection, face à la douleur et au stress. C’était le 27 mars. Ce jour-là, j’ai eu une aggravation de mon état, un cocktail de symptômes qui a explosé. J’ai passé 24 heures à l’hôpital. A l’entrée du service Covid, quand vous voyez la porte au bout du couloir, vous vous demandez si vous allez ressortir ou pas. Mes poumons étaient atteints, mais pas à un stade où il fallait ramener de l’oxygène. Ils m’ont mis sous intraveineuse avec ce qu’il fallait pour rebooster la machine, des antidouleurs et des antibiotiques. J’ai eu la chance que le traitement fasse effet rapidement, et je suis rentré chez moi. »
« Une armée de blouses blanches avance »
Commentaire de Libération : « ces rescapés racontent tous la même violence, une violence inouïe qui a balayé leurs certitudes et laminé leurs forces. Pour eux, les jours d’après ne pourront plus jamais ressembler aux jours d’avant, il leur faut tout réapprendre. Mais au moins ils sont en vie, extirpés du trou noir. »
En attendant, « le monde semble à l’arrêt, comme figé dans sa gangue d’effroi. Mais il n’en est rien : des malades se relèvent chaque jour et, derrière les murs clos des hôpitaux et des labos, une armée de blouses blanches avance. »