Même dans sa dernière demeure, l’artiste peintre et poète ivoirien Frédéric Bruly Bouabré fait parler de lui. Le père de l’alphabet Bété décédé le 28 février 2014 à Yopougon (Abdijan) sera honoré par ses pairs le 24 avril prochain au musée des Civilisations de Côte d’Ivoire. Un vernissage de l’exposition «Vie et Œuvres de Bruly Bouabré» de l’artiste est programmé à cet effet. Les œuvres de l’artistes, ses albums photos, ses correspondances avec les chefs d’Etats africains seront également exposés jusqu’au 2 mai.
Ancien militaire dans la marine lors de la seconde guerre mondiale, Bruly Bouabré a regagné la Côte d’Ivoire natale après la guerre où il occupe un poste de commis aux écritures pour la ligne ferroviaire Dakar-Niger. Le 11 mars 1948, il eut une surprenante vision et mit un terme à sa fonction.
« Le ciel s’ouvrit devant mes yeux et 7 soleils colorés décrivirent un cercle de beauté autour de leur Mère-Soleil, je devins Cheik Nadro : celui qui n’oublie pas », explique-t-il. Inviter une nouvelle écriture propre à l’Afrique fut la nouvelle mission de l’homme. Il retrace des récits avec des dessins et signes propres à lui. Son syllabaire riche de 448 signes est appelé « l’alphabet Bété » du nom de son ethnie d’origine.
En 1958, l’illustre inconnu fut révélé au monde grâce aux écrits de l’anthropologue Théodore Monod auteur de l’étude Un nouvel alphabet ouest-africain : le bété (Côte d’Ivoire), publié dans le Bulletin d’information de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN).
Depuis 1989, les œuvres de Frédéric Bruly Bouabré font le tour du monde (Berlin, Francfort, Biennales de Venise, Sydney, Sao Paulo, Paris, Dakar, Documenta XI de Kassel , Moscou ou encore Londres).
Le 08 mai, les œuvres de l’artiste ivoirien seront présentés à l’exposition «Ici l’Afrique» au Musée des Suisses aux côtés de celles d’une vingtaine d’autres artistes africains.
