Alors que les tensions entre la Chine et les États-Unis autour des droits de douane ne cessaient de s’intensifier, Pékin a surpris en appelant à l’apaisement. Une initiative jugée inespérée dans le contexte actuel.
Ce jeudi 10 avril 2025, la Chine a en effet invité Washington à renouer le dialogue, à condition que les discussions se fassent « sur un pied d’égalité et dans le respect mutuel », a déclaré une porte-parole du ministère chinois du Commerce. Elle a toutefois affirmé que la Chine se tiendra prête à défendre ses intérêts « jusqu’au bout » face aux taxes punitives américaines.
La veille, Donald Trump avait provoqué un rebondissement inattendu en suspendant pour 90 jours les hausses de droits de douane annoncées contre une soixantaine de pays, dont l’Union européenne. Une décision qui a déclenché une euphorie sur les marchés financiers mondiaux.
Pékin et Washington s’étaient lancés dans une nouvelle escalade commerciale : les États-Unis imposant des tarifs de 125 %, auxquels la Chine avait répliqué par des droits de 84 % sur les produits américains importés, évalués à plus de 143 milliards de dollars en 2024.
Malgré cette tension, les places boursières asiatiques et européennes ont connu une forte reprise, misant sur une désescalade. Tokyo a bondi de 9 %, Séoul de 6,6 %, tandis que Paris, Francfort et Londres ont respectivement grimpé de 6,27 %, 7,81 % et 5,91 % à l’ouverture.
Donald Trump, justifiant son revirement, a affirmé ne plus vouloir « effrayer » les investisseurs déjà fragilisés. « Il faut faire preuve de flexibilité », a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche, reconnaissant que ses annonces initiales avaient provoqué une panique sur les marchés.
Cette volte-face a été saluée par plusieurs partenaires internationaux. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, y voit « une étape importante pour stabiliser l’économie mondiale ».
En Asie, les ministres de l’Économie de l’Asean se sont engagés à ne pas prendre de mesures de rétorsion et ont ouvert la porte à des discussions. Le Vietnam, particulièrement touché par une surtaxe de 46 %, s’est dit prêt à négocier un accord bilatéral avec Washington, incluant l’achat de produits américains, notamment dans le domaine de la défense.
L’Union européenne, de son côté, avait adopté mercredi une riposte tarifaire sur plus de 20 milliards d’euros de produits américains, mais reste disposée à suspendre ces mesures « à tout moment » en cas d’accord « juste et équilibré ».
Malgré ce sursaut diplomatique, les craintes demeurent. Plusieurs analystes soupçonnent Trump d’avoir tenté de manipuler les marchés, d’autant qu’il avait incité ses abonnés à acheter des actions peu avant son revirement.
Les experts mettent en garde contre les conséquences à long terme de cette guerre commerciale. Selon la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, le conflit pourrait réduire les échanges sino-américains de 80 % et entraîner une chute de 7 % du PIB mondial.
De son côté, Pékin alerte : les surtaxes américaines auront un « impact grave » sur l’équilibre de l’économie mondiale.