Après plusieurs années de retard, le Sénégal est officiellement devenu un producteur de pétrole. Le mardi 11 juin, la compagnie australienne Woodside a annoncé le lancement de l’exploitation du gisement offshore de Sangomar, situé au large de Dakar, capitale sénégalaise.
Le Sénégal a franchi une étape majeure en entrant dans le groupe des pays producteurs d’hydrocarbures. Dans un communiqué, Woodside a annoncé avoir réalisé la première extraction de pétrole du champ de Sangomar, marquant le début du premier projet pétrolier offshore du pays. Le champ de Sangomar, situé à environ 100 km au sud de Dakar à une profondeur de 780 mètres, contient à la fois du pétrole et du gaz. Il devrait produire entre 100 000 et 125 000 barils par jour.
Le pétrole extrait, conforme aux standards des marchés européens et asiatiques, sera destiné à l’exportation ainsi qu’au marché national. Sa vente est attendue pour générer plusieurs milliards de dollars de revenus sur une période de 30 ans, des fonds très attendus par le nouveau gouvernement pour soutenir ses projets.
L’exploitation de ce gisement, découvert en 2014, a subi des retards importants. Initialement prévue pour 2021, elle a été reportée en raison de changements stratégiques et des difficultés rencontrées par la junior australienne FAR, dont les parts ont été rachetées par Woodside. La première phase de développement du champ, toujours en cours avec de nouveaux forages exploratoires prévus, devrait coûter entre 4,9 et 5,2 milliards de dollars.
Charles Thiémélé, Directeur Afrique de la société de trading BNG, a salué le début de la production comme une « très bonne nouvelle », soulignant que cela pourrait alléger la facture énergétique du pays et résoudre des problèmes budgétaires.
Selon lui, le Sénégal pourrait à terme produire plus de 200 000 barils par jour, se rapprochant des niveaux de production de pays comme la République du Congo ou le Gabon.
Le Directeur Général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly, a affirmé dans le communiqué de Woodside que « le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple ».
L’opérateur australien détient 82 % du projet, tandis que les 18 % restants sont détenus par l’État sénégalais à travers Petrosen. Le président Bassirou Diomaye Faye souhaite renégocier le contrat de partage de production.
Cette première extraction précède l’entrée en production du projet Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), situé à la frontière avec la Mauritanie et développé par BP, Kosmos Energy, la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) et Petrosen. Ce projet devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, avec une production prévue pour le troisième trimestre.
L’entrée en production de Sangomar pourrait également attirer de nouveaux investisseurs dans le secteur pétrolier des deux pays, une perspective saluée par Thiémélé. Il souligne que la manne pétrolière pourrait bénéficier aux populations locales, tout en renforçant la position des deux pays face aux efforts internationaux de réduction de la dépendance aux énergies fossiles.