Au Mali, le procès du Boeingate fait son retour, soulevant des accusations de corruption qui pèsent sur l’ancien régime. L’opposition y voit une manœuvre de la junte pour « redorer son blason » en rouvrant un dossier emblématique qui avait été classé sans suite par le passé.
Depuis le 24 septembre à Bamako, d’anciens ministres et officiers maliens sont jugés pour « détournements de fonds » dans l’affaire de l’achat d’un avion présidentiel et d’équipements militaires en 2014, sous le régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.
L’acquisition de cet avion présidentiel, pour un montant estimé à près de 40 millions de dollars, ainsi que l’achat de matériel militaire auprès d’une société malienne, avait été effectuée sans appel d’offres, entraînant des sanctions des institutions financières.
En 2014, le Fonds monétaire international (FMI) avait suspendu pendant six mois les décaissements au Mali en raison des irrégularités observées. Le montant des détournements allégués a varié selon les sources.
L’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, alors ministre de la Défense, et l’ex-ministre de l’Économie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, avaient été placés en détention en 2021 dans le cadre de cette affaire. Soumeylou Boubèye Maïga est décédé en prison en mars 2023 après avoir clamé son innocence, suscitant des accusations de négligence de la part de la junte.
Parmi les autres hauts responsables maliens actuellement jugés figure Mahamadou Camara, ancien directeur de cabinet d’IBK.
« La junte veut simplement redorer son image en se posant en champion de la lutte contre la corruption, alors que ces affaires avaient été classées sans suite auparavant », a déclaré Mohamed Chérif Koné, ancien avocat général de la Cour suprême et aujourd’hui opposant en exil.