Au Mali, un Fonds de soutien qui devrait financer des projets à caractère social, des infrastructures de base et améliorer l’accès à l’électricité, suscite de la controverse au sein de l’opinion.
A en croire RFI, les nouvelles taxes annoncées le mois dernier sur l’achat de crédit téléphonique (10% de taxe) et les services de transaction par « mobile money » (1%) sont entrées en vigueur mercredi 5 mars.
Concrètement, sur une carte de 1 000 FCFA, cela fait 100 F de crédit téléphonique en moins.
Mais le décret présidentiel précisant les modalités d’organisation et de gestion de ce nouveau Fonds, qui figure au Journal officiel daté du 21 février, met en place une gestion « opaque » relevant directement de la présidence.
Les autorités de transition estiment à 200 milliards de Francs CFA (305 millions d’euros) les revenus annuels qui seront issus des nouvelles taxes.
De très nombreuses voix continuent de s’élever contre ces ponctions jugées injustes, aux conséquences néfastes et immédiates pour les plus précaires, alors que les Maliens subissent déjà d’intenses coupures de courant et sont confrontés à la cherté de la vie.
Les associations de consommateurs demandent en contrepartie que les autorités elles-mêmes participent à l’effort collectif, avec une réduction du train de vie de l’État, notamment des salaires de la présidence, du gouvernement et du CNT.
Elles demandent également de la transparence dans l’utilisation de l’argent récolté avec ces nouvelles taxes, présentées par les autorités de transition comme un outil pour améliorer la vie des Maliens.
« Je suis stupéfait par ce tour de passe-passe », a réagi un économiste malien qui dénonce, comme beaucoup d’autres, l’« opacité » des modalités de gestion du Fonds « qui sera logé dans une banque commerciale et non au Trésor public », fait d’ailleurs remarquer cet économiste, sans masquer sa suspicion.
Selon le décret présidentiel, le Fonds de soutien, créé pour une durée de cinq années renouvelables, est placé « sous la tutelle de la présidence ».
Il est « administré par un comité de pilotage », composé exclusivement de neuf ministres, du directeur de cabinet du Premier ministre et d’un « représentant » de la présidence.
Le Fonds ne figure pas dans la loi de Finances 2025 fixant le budget national.
Aucun contrôle ou mécanisme de transparence n’est instauré pour vérifier l’utilisation de l’argent issu des nouvelles taxes téléphoniques.
L’Assemblée nationale ou actuellement le Conseil national de transition, n’est à aucun moment associé.