La situation au Nigeria atteint un point critique alors que les manifestations contre le gouvernement du président Ahmed Bola Tinubu continuent de s’intensifier à travers le pays. Dénonçant la politique économique du gouvernement, l’arrêt des subventions et le coût élevé de la vie, les Nigérians sont de nouveau descendus ce lundi 5 août 2024 dans les rues malgré l’appel au dialogue du Président.
Les manifestations, lancées il y a une semaine et amplifiées par les réseaux sociaux, ont déjà fait une quarantaine de morts selon le Nigerian Labor Congress (NLC). La répression violente par la police, incluant l’usage de balles réelles, a été largement critiquée par les organisations des droits de l’homme et le Prix Nobel de littérature, Wolé Soyinka.
Dimanche dernier, Tinubu a adressé un discours aux manifestants, appelant à mettre fin aux protestations et à privilégier le dialogue pour éviter la violence et la destruction. Cependant, ses paroles n’ont pas apaisé la colère populaire, exprimée à travers des slogans tels que « On a faim! » illustrant l’impact désastreux de l’inflation record sur la vie quotidienne des Nigérians.
Malgré un couvre-feu imposé dans plusieurs États, y compris à Kano, les manifestations se sont poursuivies à Lagos, Abuja, Kaduna et Gombe. Les protestataires réclament non seulement des réformes économiques immédiates, y compris le rétablissement des subventions sur l’essence, mais aussi une gouvernance plus juste et transparente.
Lors des manifestations, les protestataires brandissent des drapeaux russes, symbolisant leur rejet des influences occidentales et leur quête de nouveaux alliés géopolitiques. Ce geste traduit une volonté de rompre avec les anciennes alliances et de rechercher un soutien international différent, perçu comme plus respectueux de la souveraineté nigériane.
La crise politique au Nigeria reste volatile alors que les manifestants, en majorité jeunes, expriment leur frustration face à une gouvernance perçue comme déconnectée des besoins du peuple. L’avenir du pays dépendra des décisions prises dans les jours à venir, avec des appels croissants à l’armée pour intervenir, une option controversée susceptible de remettre en question la stabilité démocratique du Nigeria.
La communauté internationale surveille de près l’évolution de la situation, consciente des implications potentielles pour la plus grande économie d’Afrique et pour la stabilité régionale.