Alors qu’il était pressenti comme le candidat naturel du RHDP pour un quatrième mandat, le président Alassane Ouattara tarde à officialiser sa décision. Initialement attendue en avril, l’annonce de sa candidature est désormais repoussée à mai, suscitant des interrogations sur ses véritables intentions.
RHDP : une candidature de Ouattara en suspens
Si le chef de l’État a laissé entendre qu’il pourrait briguer un nouveau mandat, affirmant vouloir « continuer de servir son pays », aucune confirmation officielle n’a encore été faite. Plusieurs cadres du RHDP assurent pourtant qu’il sera en lice. Cependant, entre déclarations d’intention et engagement concret, un fossé semble se creuser, alimentant le doute au sein de son propre camp.
L’ombre de Tidjane Thiam plane sur le scrutin
Un facteur déterminant pourrait expliquer cette hésitation : l’entrée en scène de Tidjane Thiam. Le RHDP espérait que le leader du PDCI-RDA rencontrerait des obstacles administratifs pour renoncer à sa nationalité française, ce qui aurait retardé sa candidature. Or, sa demande, déposée en février, a été rapidement validée par l’administration française, contrairement à celle de Jean-Louis Billon, traitée bien plus lentement. Cette rapidité de procédure a révélé l’influence grandissante de Thiam, notamment en France, un point qui inquiète le camp présidentiel.
Macron et la promesse de 2020 : un soutien moins affirmé
Selon des sources proches de l’Élysée, Emmanuel Macron s’attend à ce qu’Alassane Ouattara respecte son engagement de 2020, lorsqu’il avait assuré que son troisième mandat serait son dernier. À l’époque, la France avait soutenu cette prolongation pour garantir la stabilité en Côte d’Ivoire et dans la région. Pourtant, la situation géopolitique s’est compliquée avec la montée de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui a considérablement réduit l’influence française en Afrique de l’Ouest.
Une confiance fragilisée entre Paris et Abidjan
Si Paris ne s’oppose pas officiellement à une nouvelle candidature de Ouattara, son soutien semble moins inébranlable qu’auparavant. Un reportage de France 24 sur l’immigration clandestine en provenance d’Abidjan a mis en lumière les inégalités économiques du pays, fragilisant la communication gouvernementale sur une Côte d’Ivoire en plein essor.
Face à ces incertitudes, Alassane Ouattara prend le temps d’évaluer la montée en puissance de Tidjane Thiam avant de prendre une décision définitive. Conscient des risques d’un échec électoral, il sait que sa sortie du pouvoir pourrait rouvrir des dossiers sensibles, notamment liés à la crise post-électorale de 2011 encore en suspens à la CPI. Son avenir politique se joue donc à la croisée des intérêts nationaux et internationaux, dans un climat de plus en plus incertain.