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Rencontre Tshisekedi-Kagame : comment expliquer le joli coup diplomatique du Qatar ?

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Enfin, les présidents rwandais et congolais se sont rencontrés mardi 18 mars, sous l’égide de l’émir du Qatar pour évoquer la situation dans l’Est de la RDC, où Kigali soutient la rébellion du M23. Une rencontre qui a surpris plus d’un, d’autant plus qu’elle avait été reportée maintes reprises.

Si la question est maintenant de savoir si le cessez-le-feu, en faveur duquel les deux dirigeants ont réaffirmé leur engagement, va se traduire dans les faits, beaucoup s’interrogent sur comment le Qatar a pu réussir cet exploit. Doha entre à son tour dans la danse des facilitations ?

A en croire Benjamin Augé, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Doha le doit entre autre aux bonnes relations qu’il entretient tant avec le Rwanda qu’avec la RDC.

« Le Qatar y travaille depuis de nombreuses années. Depuis le début de l’année 2023, plusieurs réunions ont déjà été envisagées avant d’avorter, non seulement au Qatar, mais aussi à Paris avec l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani et Emmanuel Macron. Quant au ministre qatarien des Affaires étrangères, il s’est rendu à de nombreuses reprises à Kigali et à Kinshasa pour essayer de faire en sorte que ces deux acteurs puissent se parler ».

Qu’est-ce que le Qatar peut apporter dans cette crise ? Quels sont ses leviers ?

« Comme dans toutes les médiations entreprises par le Qatar depuis déjà plus d’une décennie, je crois que celui-ci se voit comme un acteur qui n’a pas besoin de business, comme un acteur qu’on vient chercher pour avoir des fonds. Il se considère comme un acteur neutre qui met sa plateforme de médiation à disposition. Si le processus prend du temps, il prend du temps. S’il nécessite des moyens, l’émirat les mettra. S’il requiert d’éventuels investissements au Rwanda ou en RDC, il mettra la main à la poche. Quel que soit le temps que ça prendra, l’objectif, pour lui, est de faire en sorte de parvenir à un consensus ».

« Que ce soit du point de vue de la RDC ou du Rwanda, le Qatar est donc un acteur dont on ne pense pas qu’il a un agenda caché. C’est là sa grande force depuis longtemps, que ce soit dans les médiations qu’il a entreprises en Afghanistan, au Darfour ou dans bien d’autres cas ».

« Le soucis du Qatar, c’est en fait d’éviter d’ajouter une couche supplémentaire de médiation à une quantité d’autres qui existent déjà en Afrique avec l’EAC, la SADC, etc. Plutôt que de se substituer à tous ces acteurs, l’émirat veut mettre en musique les différentes initiatives, apporter son aide, mettre de l’huile dans les rouages ».

De tout ce qui précède, le Qatar va-t-il réussir là où les autres pays médiateurs ont échoué ?

Les prochains jours ne édifieront davantage.




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